Un dispositif inédit de détection, de localisation et de suivi des feux de forêts en Sologne
Blois, le 24 juin 2025
COMMUNIQUE DE PRESSE
de la préfecture du Loir-et-Cher
Préserver la Sologne :
Un dispositif inédit de détection, de localisation et de suivi des feux de forêts
La Sologne, cœur vert du Centre-Val de Loire, fait aujourd’hui face à une menace croissante : le risque accru d’incendies de forêts, amplifié par les effets du changement climatique. Pour faire face à ce défi, un projet d’envergure interdépartementale voit le jour : la mise en place d’un dispositif de détection, de localisation et de suivi des feux de forêts. Un projet à l’échelle de trois départements, conduit conjointement par les Préfets, les SDIS et les conseils départementaux de Loir-et-Cher, du Loiret et du Cher. Il incarne une réponse ambitieuse, innovante et territorialisée aux enjeux de protection du massif forestier de Sologne, dans le respect des engagements du pacte capacitaire et des objectifs du Fonds Vert.
Le massif forestier de Sologne, d’environ 500 000 hectares, s’étend sur trois départements, le Loir-et-Cher, le Loiret et le Cher, et concerne 122 communes. Il forme le plus vaste ensemble forestier de France, après la forêt des Landes. Inscrit dans la zone de défense et de sécurité Ouest, ce territoire est reconnu comme le plus grand site terrestre français au titre de la directive « Habitats » et appartient au réseau Natura 2000. Il abrite une biodiversité remarquable, avec 23 habitats et 32 espèces d’intérêt européen. Constituée à 92 % de forêts privées, souvent morcelées et peu accessibles, la Sologne est un espace à la fois fragile et difficile à surveiller. L’essor des résineux, les sécheresses répétées et la hausse de la fréquentation renforcent les risques d’incendie, dans un contexte où la saison des feux commence plus tôt et dure plus longtemps. L’incendie de 2020 à Souesmes, qui a détruit 40 hectares et mobilisé cumulativement 570 sapeurs-pompiers de cinq départements ainsi que deux avions Dash,une première dans le Loir-et-Cher, a révélé les limites de la surveillance terrestre et enclenché une dynamique collective en faveur d’une détection précoce.
Ce projet de dispositif de détection automatisée s’inscrit dans une volonté partagée de développer une réponse rapide, anticipée et coordonnée. Il repose sur une approche interinstitutionnelle forte, qui a permis de mutualiser les moyens humains, techniques et financiers. Les 3 Préfectures, les Conseils départementaux de Loir-et-Cher, du Loiret et du Cher, ainsi que les SDIS respectifs, ont travaillé de concert pour concevoir un outil adapté à la géographie particulière de la Sologne. Le Préfet de Loir-et-Cher, Xavier Pelletier, pilote la mise en place du dispositif depuis début 2024, en collaboration avec les équipes du SDIS 41, tandis que le Conseil Départemental du Loiret, accompagné par les experts de la société Azuria, avait porté les études préalables menées dès 2023. Le groupement de commande, piloté par le SDIS 41 et réunissant les SDIS du Cher et du Loiret, a attribué le projet à la société SCC France, spécialisée dans l’intégration de solutions numériques, qui travaille en collaboration avec Midgard, fournisseur de solutions d’intelligence artificielle.
Le système de surveillance repose sur 14 points hauts, principalement des châteaux d’eau, répartis sur l’ensemble du massif. Ces points accueillent des caméras de surveillance équipées d’algorithmes d’intelligence artificielle capables de détecter automatiquement l’apparition de fumées dès qu’elles atteignent 3 mètres au-dessus de la canopée. Dès la détection par deux caméras, une triangulation permet une géolocalisation précise du départ de feu. Si une seule caméra identifie un panache, une estimation algorithmique de la position est tout de même générée. L’alerte est ensuite transmise automatiquement au centre de traitement de l’alerte (CTA) concerné, dans un délai de moins de cinq minutes après l’apparition du premier signe de feu. Le dispositif fonctionne 24 heures sur 24, toute l’année, offrant une surveillance continue et automatisée du massif. La mise en place opérationnelle du dispositif a débuté au printemps 2025 et se poursuit actuellement. Une phase de test grandeur nature est prévue dès le mois prochain.
Pour permettre la mise en œuvre de cette technologie innovante, un montage financier structuré a été élaboré, combinant soutiens nationaux et contributions locales. Le coût total du projet s’élève à environ 1,5 million d’euros hors taxes (hors études et frais de raccordement des caméras sur les points hauts). Dans le cadre du Pacte capacitaire, dispositif exceptionnel mis en place après l’été 2022 pour renforcer les moyens des SDIS face aux feux de forêts, un soutien de 1 041 667 euros TTC a été obtenu. Cette aide a constitué un levier majeur et une subvention du Fonds Vert, aide nationale pour soutenir les territoires dans la transition écologique, a été obtenue pour couvrir, sommativement avec l’aide précédente, 80 % du coût du projet. Les 20 % restants sont assurés par les collectivités départementales et/ou les SDIS .
Ce dispositif innovant représente une avancée majeure dans la surveillance des massifs forestiers, en s’appuyant sur des outils numériques performants au service de la protection de l’environnement et des populations, tout en accompagnant la transformation des modes d’intervention de la sécurité civile face à des crises plus fréquentes et intenses. Ce projet témoigne d’un fort engagement des autorités départementales : Préfets, Présidents des conseils départementaux et Présidents des conseils d’administration des SDIS , déterminées à répondre aux effets déjà visibles du changement climatique dans notre région. Il constitue une grande fierté collective, fruit d’un travail interdépartemental.